{"title":"La mort de la littérature (1971)","authors":"Jacques Ehrmann","doi":"10.58282/lht.136","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Faut-il m’en expliquer ? En fait, ces « textes » ne recouvrent aucun mystere : ils ne cherchent ni la provocation, ni la complicite. Ils ne donnent rien a comprendre. Ils se presentent tels quels. Et pourtant, de tout ecrit, cela peut-il se dire ?Quiconque, agace par leur banalite, les rejetterait, disant : C’est trop facile. N’importe qui pourrait en faire autant ! aurait sans le savoir (c’est-a-dire en toute ignorance de cause) exprime a ma place, et a la place de tout le monde, ce qu’il importait precisement de deviner. Touchante simplicite ! Le disant, il n’aurait pourtant rien dit de personnel, rien de ce qu’un autre – vous, ou moi – pourrait dire a sa place. N’importe qui peut en effet dire que tout le inonde peut en faire autant. Au lieu de voir dans cette reponse la solution qui permettrait de considerer le probleme comme resolu, je voudrais y voir, au contraire, le point a partir duquel il se pose. Qui donc a fait ces « textes » ? Il s’agit de mettre a l’epreuve le sens meme de cette question, tout en essayant d’y repondre. En d’autres termes : Qu’est-ce que ca veut dire : faire un « texte » ?Ou, se faisant echo, ces deux questions :Qui fait un « texte » ? Comment se fait un « texte » ? Ou encore, formulees autrement :De qui, et de quoi, un « texte » est-il fait ?Autant de questions ou se trouvent impliques reciproquement et l’« auteur » et le « texte », a la fois et alternativement sujet et objet de la question. L’« auteur » et le « texte » sont donc pris dans un mo","PeriodicalId":117610,"journal":{"name":"Fabula-Lht : Tombeaux de la littérature","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2009-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Fabula-Lht : Tombeaux de la littérature","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/lht.136","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Faut-il m’en expliquer ? En fait, ces « textes » ne recouvrent aucun mystere : ils ne cherchent ni la provocation, ni la complicite. Ils ne donnent rien a comprendre. Ils se presentent tels quels. Et pourtant, de tout ecrit, cela peut-il se dire ?Quiconque, agace par leur banalite, les rejetterait, disant : C’est trop facile. N’importe qui pourrait en faire autant ! aurait sans le savoir (c’est-a-dire en toute ignorance de cause) exprime a ma place, et a la place de tout le monde, ce qu’il importait precisement de deviner. Touchante simplicite ! Le disant, il n’aurait pourtant rien dit de personnel, rien de ce qu’un autre – vous, ou moi – pourrait dire a sa place. N’importe qui peut en effet dire que tout le inonde peut en faire autant. Au lieu de voir dans cette reponse la solution qui permettrait de considerer le probleme comme resolu, je voudrais y voir, au contraire, le point a partir duquel il se pose. Qui donc a fait ces « textes » ? Il s’agit de mettre a l’epreuve le sens meme de cette question, tout en essayant d’y repondre. En d’autres termes : Qu’est-ce que ca veut dire : faire un « texte » ?Ou, se faisant echo, ces deux questions :Qui fait un « texte » ? Comment se fait un « texte » ? Ou encore, formulees autrement :De qui, et de quoi, un « texte » est-il fait ?Autant de questions ou se trouvent impliques reciproquement et l’« auteur » et le « texte », a la fois et alternativement sujet et objet de la question. L’« auteur » et le « texte » sont donc pris dans un mo