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Abstract
La nourriture chez Marie NDiaye apparait de maniere recurrente comme l’expression d’une « pensee magique » : l’on est, ou l’on devient, ce que l’on mange. Ce constat impose de traiter le motif de la nourriture dans cette œuvre sous un angle anthropologique ; un axe de lecture par lequel les indices de la materialite du monde, constitues par les manifestations recurrentes du motif alimentaire, permettent de renouveler la comprehension d’une œuvre plutot percue par la critique contemporaine sous ses angles sociologique, politique et symbolique. Au fil des romans de NDiaye, on constate que les enjeux magiques de la nourriture ont d’abord pour effet de confirmer l’etat general d’enfermement des personnages en eux-memes, a la facon des monades de Kafka. Par la suite, c’est en se penchant sur le parcours de Nadia (dans Mon cœur a l’etroit, 2007) et de la Cheffe (dans le roman eponyme de 2016) que l’on observera comment ces personnages evoluent de l’individuel au social, de la construction identitaire problematique de Nadia a la mission que se donne la Cheffe d’une transmission ethique, via la nourriture. Grâce aux apports theoriques de Levi-Strauss (le triangle culinaire) et surtout de Mauss (l’economie du don), on observera que ce mouvement ceremoniel de captation puis de transmission du materiau alimentaire vaut egalement pour l’objet litteraire qui en est le vehicule. Nourriture et litterature finissent par s’associer comme objets, profondement inscrits dans la structure des communautes humaines, d’une necessaire et urgente communion.