{"title":"Bois de feu, maléfiques, bénéfiques, et la guerre des fumées (région de Maroua, Nord du Cameroun)","authors":"C. Seignobos","doi":"10.4000/ethnoecologie.5748","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Encore dans les annees de l’independance (1960) un certain nombre d’essences utiles etaient interdites de coupe et, a fortiori, leur bois ne pouvait alimenter des foyers. Un controle social strict y veillait. Certains bois toutefois presentaient une menace directe pour les familles si on les introduisait par megarde, ou par malveillance, dans les foyers. Les chefs de famille, parfois avec le concours de devins ou de ritualistes, devaient combattre ces charmes a l’aide d’antidotes dans une gamme de vegetaux dont les fumees etaient censees chasser l’effet malefique des precedentes. Cette guerre des fumees renvoie a des cadres cognitifs qui, avec le temps, se sont hybrides, devenant des sortes de metacroyances partagees par de nombreux groupes.Les aines, garants des disciplines agroforestieres, se sont vu peu a peu dessaisis, depuis les annees de l’independance, de leur controle sur les ligneux. Aujourd’hui l’inexorable besoin de combustibles domestiques entraine une indifferenciation des essences, la neutralite de leurs bois et la normalisation des fumees.","PeriodicalId":424145,"journal":{"name":"Revue d’ethnoécologie","volume":"505 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-11-22","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"2","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue d’ethnoécologie","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/ethnoecologie.5748","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 2
Abstract
Encore dans les annees de l’independance (1960) un certain nombre d’essences utiles etaient interdites de coupe et, a fortiori, leur bois ne pouvait alimenter des foyers. Un controle social strict y veillait. Certains bois toutefois presentaient une menace directe pour les familles si on les introduisait par megarde, ou par malveillance, dans les foyers. Les chefs de famille, parfois avec le concours de devins ou de ritualistes, devaient combattre ces charmes a l’aide d’antidotes dans une gamme de vegetaux dont les fumees etaient censees chasser l’effet malefique des precedentes. Cette guerre des fumees renvoie a des cadres cognitifs qui, avec le temps, se sont hybrides, devenant des sortes de metacroyances partagees par de nombreux groupes.Les aines, garants des disciplines agroforestieres, se sont vu peu a peu dessaisis, depuis les annees de l’independance, de leur controle sur les ligneux. Aujourd’hui l’inexorable besoin de combustibles domestiques entraine une indifferenciation des essences, la neutralite de leurs bois et la normalisation des fumees.