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Abstract
Le fonctionnement de la justice pénale est largement méconnu en France. Les Français la jugent non seulement « trop lente », mais aussi « trop complexe », « opaque » et au « langage peu compréhensible » (Cretin, 2014). Contrairement à la police et à la gendarmerie, les statistiques d’activité produites par le système judiciaire ne font pas l’objet d’une intense communication par le ministère de la Justice et ne sont quasiment jamais discutées dans le débat public. Par ailleurs, si des sortes de « publireportages » mettant en scène l’action des policiers ou des gendarmes sont diffusés à la télévision, en soirée, de façon quasi quotidienne, il existe peu d’équivalents sur l’action des magistrats, qu’il s’agisse du siège ou du parquet 1. Cette méconnaissance et ce vide communicationnel contribuent à laisser libre cours à des représentations plus ou moins fantasmées et à des discours dénués de fondement empirique ou s’appuyant sur des données tronquées. Pire : la mise en accusation du corps des magistrats (et par ailleurs, ou de façon collatérale, des différents types de travailleurs sociaux de la justice) constitue l’une des rhétoriques favorites des représentants du lobby sécuritaire, qu’il s’agisse d’élus, d’organisations ou de personnalités diverses (Mucchielli, 2014). Un exemple récent est donné par le livre de Xavier Bébin, auteur se présentant comme « juriste et criminologue », par ailleurs secrétaire général d’une association dénommée « Institut pour la JusLes comparutions immédiates au TGI de Nice, ou la prison comme unique réponse à une délinquance de misère Laurent Mucchielli