{"title":"Pour une sociologie curieuse, libre et tenace","authors":"Jean Peneff, M. Kuehni, Michael Meyer","doi":"10.52983/crev.vi0.89","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Cet échange était pour nous l’occasion d’inviter Jean Peneff à parler de sa carrière, à revenir sur les liens qu’il entretient avec certains sociologues de l’école de Chicago, mais aussi et surtout de nous raconter certaines de ses expériences d’accès aux nombreux terrains d’enquête qu’il a parcouru. De l’Algérie, où il a fait ses premiers pas d’enseignant-chercheur, jusqu’aux observations de la « jungle » de Calais réalisées plus récemment, en passant par la Bretagne, la constante de son parcours est une insatiable curiosité. Les pratiques de (non) négociation mises en œuvre par le sociologue sont très directement dépendantes du contexte d’enquête et de l’accueil qui lui est réservé. Capacité d’ajustement, de réajustement et d’anticipation sont donc à ses yeux des attributs nécessaires aux chercheur-e-s de terrain. Durant notre discussion, nous avons également questionné Jean Peneff sur l’observation incognito. Alors que ces pratiques de recherche sont aujourd’hui largement débattues dans les arènes académiques, il nous a semblé particulièrement intéressant d’entendre le récit d’une personne qui a créé des identités d’emprunt pour mener ses recherches. Ayant accompli toute sa carrière avec la même conviction de la nécessité d’aller voir par soi-même, il a plusieurs fois eu recours à la « clandestinité » pour poursuivre des enquêtes face à des mondes sociaux et professionnels qui s’y refusaient. Le retour régulier de cette invitation à la curiosité, voire à la ténacité, simple et franche, demeure une constante chez notre interlocuteur, malgré les tentations nostalgiques ou pessimistes qui pourraient survenir de certains développements actuels, notamment l’augmentation des exigences formelles dans la mise en place d’une enquête de terrain (passage par des comités d’éthiques, fiches de consentement, etc.), que Jean Peneff décrit comme de possibles obstacles à une pratique de l’enquête de terrain telle qu’il l’a connue au début de sa carrière.","PeriodicalId":124377,"journal":{"name":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","volume":"8 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2021-05-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Cambouis, la revue des sciences sociales aux mains sales","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.52983/crev.vi0.89","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Cet échange était pour nous l’occasion d’inviter Jean Peneff à parler de sa carrière, à revenir sur les liens qu’il entretient avec certains sociologues de l’école de Chicago, mais aussi et surtout de nous raconter certaines de ses expériences d’accès aux nombreux terrains d’enquête qu’il a parcouru. De l’Algérie, où il a fait ses premiers pas d’enseignant-chercheur, jusqu’aux observations de la « jungle » de Calais réalisées plus récemment, en passant par la Bretagne, la constante de son parcours est une insatiable curiosité. Les pratiques de (non) négociation mises en œuvre par le sociologue sont très directement dépendantes du contexte d’enquête et de l’accueil qui lui est réservé. Capacité d’ajustement, de réajustement et d’anticipation sont donc à ses yeux des attributs nécessaires aux chercheur-e-s de terrain. Durant notre discussion, nous avons également questionné Jean Peneff sur l’observation incognito. Alors que ces pratiques de recherche sont aujourd’hui largement débattues dans les arènes académiques, il nous a semblé particulièrement intéressant d’entendre le récit d’une personne qui a créé des identités d’emprunt pour mener ses recherches. Ayant accompli toute sa carrière avec la même conviction de la nécessité d’aller voir par soi-même, il a plusieurs fois eu recours à la « clandestinité » pour poursuivre des enquêtes face à des mondes sociaux et professionnels qui s’y refusaient. Le retour régulier de cette invitation à la curiosité, voire à la ténacité, simple et franche, demeure une constante chez notre interlocuteur, malgré les tentations nostalgiques ou pessimistes qui pourraient survenir de certains développements actuels, notamment l’augmentation des exigences formelles dans la mise en place d’une enquête de terrain (passage par des comités d’éthiques, fiches de consentement, etc.), que Jean Peneff décrit comme de possibles obstacles à une pratique de l’enquête de terrain telle qu’il l’a connue au début de sa carrière.