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Abstract
Je vais d’abord donner une breve explication au titre de cet article qui peut paraitre un peu brusque. C’est une toute petite decouverte personnelle qui m’a inspire ce titre : en lisant les poemes de Supervielle, je me suis rendu compte que je les reproduisais en moi souvent avec la voix d’un enfant. Je me demande d’ou vient cette voix ? Voici le point de depart de cet article. L’enfant est l’un des habitants les plus privilegies de l’univers de Supervielle. A cet egard, Philippe Jaccottet note que « [Supervielle a] ete un des tres rares poetes a pouvoir, sans niaiserie, faire entrer des enfants dans la chambre de ses vers1. » Mais ce dont il est question ici, ce ne sont pas forcement des poemes dans lesquels apparaissent les enfants. Car quand je lis Supervielle, j’entends la voix d’un enfant meme la ou celui-ci n’est pas mentionne : il est present plutot dans la voix meme du poete, a savoir dans son je. Si je me permets une petite digression, dans ma langue maternelle –– le Japonais –– qui est foncierement differente de la langue francaise, le pronom personnel de la premiere et de la deuxieme personne possede plusieurs formes ayant differentes connotations et on les choisit judicieusement selon le sexe, l’âge ou la relation que l’on etablit avec son interlocuteur ; il y a donc, pour ainsi dire, un je-masculin, un je-feminin, un tu-enfant, un tu-adulte, etc. Dans notre langue, le Je et le Tu sont foncierement variables et flottants, comme pour attester cette phrase de Mic