Amílcar Cabral, anthropologue de la tension

Comment concilier le recours à la violence avec l’invocation de valeurs ? Comment accorder la primauté à l’humain tout en adhérant à un réalisme politique ? Une démarche méthodique alliée à une certaine proactivité permet à Cabral de dépasser cette antinomie apparente entre les principes éthiques et l’usage de la violence. La guerre est ici un moyen de résistance à l’oppression et d’édification d’une société aspirant au progrès et à la liberté. Cette guerre est aux antipodes de l’apologie de la violence gratuite, elle se veut une “guerre à visage humain”, celle “militants non de militaires”. De cette tension entre morale et politique devra germer un nouvel homme ancré dans son topos culturel et dans des valeurs humanistes sans rapport avec l’univers colonial aliénant. Ainsi, la lutte de libération, constant dépassement de soi, se veut un processus de gestation anthropologique continu.