{"title":"她用有毒假人给婴儿下药:第戎大学医院展开调查","authors":"Alice Matheux, Agathe Pasquet","doi":"10.1016/j.toxac.2024.09.012","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>Nous présentons ici le cas d’un nourrisson de 3 semaines, amenée aux urgences pédiatriques le 7 juillet 2024 par la maman, pour malaise grave, epistaxis et sang intrabuccal. Un antécédent de reflux traité par INEXIUM depuis 2<!--> <!-->jours est rapporté, ainsi qu’une MIN chez l’aîné dans un contexte de saignement, et une autre sœur présentant une neutropénie. Aux urgences pédiatriques, le nourrisson présente une polypnée, elle est consciente mais peu réactive, ne pleure pas aux stimulis douloureux, le teint est gris, présence de sang digéré dans la bouche.</div><div>Elle est également hypotherme à 34<!--> <!-->°C. La biologie retrouve une acidose métabolique avec pH à 7, bicarbonate à 4 mmol/L, pCO2 à 18,8<!--> <!-->mmHg, lactate à 17, amoniémie à 308<!--> <!-->μmol/L ainsi qu’une cytolyse hépatique. Le scanner cérébral réalisé le 8 juillet 2024 ne retrouve pas de signe en faveur d’un saignement intracrânien. Dans ce contexte, la patiente est transférée en réanimation pédiatrique.</div><div>Elle bénéficie d’une intubation orotrachéale devant le tableau d’acidose métabolique majeure associée à un tableau de choc avec détresse respiratoire. Durant ce séjour, elle bénéficie notamment d’un criblage urinaire rendu positif à la Doxylamine le 10 juillet. La présence de Doxylamine étant non expliquée par les traitements donnés à l’hôpital ou suivi par l’enfant, le service a demandé confirmation. Après recherche d’anciens tubes gardés sur l’ensemble du plateau technique, nous mettons en évidence la présence de Doxylamine dans du sérum utilisé pour une sérologie le jour de son hospitalisation (7 juillet), mais une absence dans des urines de 3<!--> <!-->jours post naissance (19 juin) avec uniquement cétirizine et produits de péridurale. Le 18 juillet, nous demandons à analyser le lait donné par la mère (Lait MODILAC AR 1) : de la Doxylamine y est retrouvée à deux reprises, seulement dans les extraits après manipulation de la mère. Les analyses d’urines sont également positives sur toute la période du 15 juillet au 27 juillet. Le 19 juillet, les parents sont vus en entretien avec les médecins en charge : la mère avoue avoir de la Doxylamine à la maison mais ne pas s’en servir depuis 2<!--> <!-->ans. Il leur est annoncé que devant la positivité des urines à la Doxylamine non expliquée par cause médicale et le fait qu’elle soit présente dès l’arrivée à l’hôpital, un signalement va être fait. Le 21 juillet : l’ordonnance de placement provisoire (OPP) est annoncée à la mère, un droit de visite médiatisée est autorisé. Le reste du séjour est marqué sur le plan hémodynamique par des holter du 29 au 30 juillet pouvant évoquer une tachycardie ventriculaire non soutenue. Après avis auprès des cardiologues pédiatriques, il est recommandé de réaliser un contrôle de l’holter ECG dans 1 à 2 mois. Les urines se négativent finalement le 27 juillet, et l’enfant est autorisé à sortir le 31 juillet et est placée à l’aide sociale a l’enfance (ASE). Le 1<sup>er</sup> août, l’expert toxicologue du service de pharmaco-toxicologie est requis pour « communiquer les résultats des analyses effectuées sur le lait donné le 19/07/2024 à la jeune XXX XXX (née le XXX) par sa mère ». Une quantification dans le lait est en cours de réalisation à l’heure actuelle.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 4","pages":"Pages 315-316"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-11-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Elle drogue son bébé avec une tétine empoisonnée : le CHU de Dijon mène l’enquête\",\"authors\":\"Alice Matheux, Agathe Pasquet\",\"doi\":\"10.1016/j.toxac.2024.09.012\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"<div><div>Nous présentons ici le cas d’un nourrisson de 3 semaines, amenée aux urgences pédiatriques le 7 juillet 2024 par la maman, pour malaise grave, epistaxis et sang intrabuccal. Un antécédent de reflux traité par INEXIUM depuis 2<!--> <!-->jours est rapporté, ainsi qu’une MIN chez l’aîné dans un contexte de saignement, et une autre sœur présentant une neutropénie. 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Elle drogue son bébé avec une tétine empoisonnée : le CHU de Dijon mène l’enquête
Nous présentons ici le cas d’un nourrisson de 3 semaines, amenée aux urgences pédiatriques le 7 juillet 2024 par la maman, pour malaise grave, epistaxis et sang intrabuccal. Un antécédent de reflux traité par INEXIUM depuis 2 jours est rapporté, ainsi qu’une MIN chez l’aîné dans un contexte de saignement, et une autre sœur présentant une neutropénie. Aux urgences pédiatriques, le nourrisson présente une polypnée, elle est consciente mais peu réactive, ne pleure pas aux stimulis douloureux, le teint est gris, présence de sang digéré dans la bouche.
Elle est également hypotherme à 34 °C. La biologie retrouve une acidose métabolique avec pH à 7, bicarbonate à 4 mmol/L, pCO2 à 18,8 mmHg, lactate à 17, amoniémie à 308 μmol/L ainsi qu’une cytolyse hépatique. Le scanner cérébral réalisé le 8 juillet 2024 ne retrouve pas de signe en faveur d’un saignement intracrânien. Dans ce contexte, la patiente est transférée en réanimation pédiatrique.
Elle bénéficie d’une intubation orotrachéale devant le tableau d’acidose métabolique majeure associée à un tableau de choc avec détresse respiratoire. Durant ce séjour, elle bénéficie notamment d’un criblage urinaire rendu positif à la Doxylamine le 10 juillet. La présence de Doxylamine étant non expliquée par les traitements donnés à l’hôpital ou suivi par l’enfant, le service a demandé confirmation. Après recherche d’anciens tubes gardés sur l’ensemble du plateau technique, nous mettons en évidence la présence de Doxylamine dans du sérum utilisé pour une sérologie le jour de son hospitalisation (7 juillet), mais une absence dans des urines de 3 jours post naissance (19 juin) avec uniquement cétirizine et produits de péridurale. Le 18 juillet, nous demandons à analyser le lait donné par la mère (Lait MODILAC AR 1) : de la Doxylamine y est retrouvée à deux reprises, seulement dans les extraits après manipulation de la mère. Les analyses d’urines sont également positives sur toute la période du 15 juillet au 27 juillet. Le 19 juillet, les parents sont vus en entretien avec les médecins en charge : la mère avoue avoir de la Doxylamine à la maison mais ne pas s’en servir depuis 2 ans. Il leur est annoncé que devant la positivité des urines à la Doxylamine non expliquée par cause médicale et le fait qu’elle soit présente dès l’arrivée à l’hôpital, un signalement va être fait. Le 21 juillet : l’ordonnance de placement provisoire (OPP) est annoncée à la mère, un droit de visite médiatisée est autorisé. Le reste du séjour est marqué sur le plan hémodynamique par des holter du 29 au 30 juillet pouvant évoquer une tachycardie ventriculaire non soutenue. Après avis auprès des cardiologues pédiatriques, il est recommandé de réaliser un contrôle de l’holter ECG dans 1 à 2 mois. Les urines se négativent finalement le 27 juillet, et l’enfant est autorisé à sortir le 31 juillet et est placée à l’aide sociale a l’enfance (ASE). Le 1er août, l’expert toxicologue du service de pharmaco-toxicologie est requis pour « communiquer les résultats des analyses effectuées sur le lait donné le 19/07/2024 à la jeune XXX XXX (née le XXX) par sa mère ». Une quantification dans le lait est en cours de réalisation à l’heure actuelle.