{"title":"托尔金或小说语言学:从文字到小说","authors":"Vincent Ferré","doi":"10.58282/lht.824","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"« je suis un pur philologue. J’aime l’Histoire, et elle m’emeut, mais ses moments les plus intenses sont pour moi ceux ou elle eclaire les mots et les noms. »Au milieu des noms de Pindare, Valery et Barthes, la presence de celui de Tolkien ne surprendra que si l’on ignore combien l’alchimie entre le travail du philologue et celui du createur d’un monde fictionnel est chez lui particulierement frappante et fondamentale. S’il a fait œuvre de poete, de demiurge en creant un univers fictionnel, avec sa geographie, son Histoire et ses langues – il est exemplaire a cet egard dans la litterature du xxe siecle –, cette creation apparait en effet intimement liee a son activite universitaire de philologue medieviste. On peut voir deux autres interets a cet exemple : d’une part son statut, en ce que Tolkien permet d’interroger une œuvre souvent consideree comme paralitteraire ; d’autre part, si l’on retient comme definition minimale (et sommaire) que la philologie consiste a etudier une langue d'un point de vue historique, a partir de documents ecrits, en etablissant des textes par un processus de comparaison de sources et de documents qu’il s’agit de dater, alors Tolkien constitue un exemple saisissant de renversement,puisqu’il est a son tour devenu l’objet d’une enquete philologique1. Celle-ci, menee par le propre fils de l’auteur, Christopher Tolkien, aboutit a la reconstruction d’une œuvre, qui a ete discutee et peut paraitre en partie fictionnelle dans ses resultats, malgre l’ingen","PeriodicalId":105502,"journal":{"name":"Fabula-Lht : Poétique de la philologie","volume":"8 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2013-11-30","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Tolkien ou la philologie fictionnelle : du mot à la fiction\",\"authors\":\"Vincent Ferré\",\"doi\":\"10.58282/lht.824\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"« je suis un pur philologue. J’aime l’Histoire, et elle m’emeut, mais ses moments les plus intenses sont pour moi ceux ou elle eclaire les mots et les noms. »Au milieu des noms de Pindare, Valery et Barthes, la presence de celui de Tolkien ne surprendra que si l’on ignore combien l’alchimie entre le travail du philologue et celui du createur d’un monde fictionnel est chez lui particulierement frappante et fondamentale. S’il a fait œuvre de poete, de demiurge en creant un univers fictionnel, avec sa geographie, son Histoire et ses langues – il est exemplaire a cet egard dans la litterature du xxe siecle –, cette creation apparait en effet intimement liee a son activite universitaire de philologue medieviste. On peut voir deux autres interets a cet exemple : d’une part son statut, en ce que Tolkien permet d’interroger une œuvre souvent consideree comme paralitteraire ; d’autre part, si l’on retient comme definition minimale (et sommaire) que la philologie consiste a etudier une langue d'un point de vue historique, a partir de documents ecrits, en etablissant des textes par un processus de comparaison de sources et de documents qu’il s’agit de dater, alors Tolkien constitue un exemple saisissant de renversement,puisqu’il est a son tour devenu l’objet d’une enquete philologique1. Celle-ci, menee par le propre fils de l’auteur, Christopher Tolkien, aboutit a la reconstruction d’une œuvre, qui a ete discutee et peut paraitre en partie fictionnelle dans ses resultats, malgre l’ingen\",\"PeriodicalId\":105502,\"journal\":{\"name\":\"Fabula-Lht : Poétique de la philologie\",\"volume\":\"8 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2013-11-30\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Fabula-Lht : Poétique de la philologie\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.58282/lht.824\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Fabula-Lht : Poétique de la philologie","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/lht.824","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Tolkien ou la philologie fictionnelle : du mot à la fiction
« je suis un pur philologue. J’aime l’Histoire, et elle m’emeut, mais ses moments les plus intenses sont pour moi ceux ou elle eclaire les mots et les noms. »Au milieu des noms de Pindare, Valery et Barthes, la presence de celui de Tolkien ne surprendra que si l’on ignore combien l’alchimie entre le travail du philologue et celui du createur d’un monde fictionnel est chez lui particulierement frappante et fondamentale. S’il a fait œuvre de poete, de demiurge en creant un univers fictionnel, avec sa geographie, son Histoire et ses langues – il est exemplaire a cet egard dans la litterature du xxe siecle –, cette creation apparait en effet intimement liee a son activite universitaire de philologue medieviste. On peut voir deux autres interets a cet exemple : d’une part son statut, en ce que Tolkien permet d’interroger une œuvre souvent consideree comme paralitteraire ; d’autre part, si l’on retient comme definition minimale (et sommaire) que la philologie consiste a etudier une langue d'un point de vue historique, a partir de documents ecrits, en etablissant des textes par un processus de comparaison de sources et de documents qu’il s’agit de dater, alors Tolkien constitue un exemple saisissant de renversement,puisqu’il est a son tour devenu l’objet d’une enquete philologique1. Celle-ci, menee par le propre fils de l’auteur, Christopher Tolkien, aboutit a la reconstruction d’une œuvre, qui a ete discutee et peut paraitre en partie fictionnelle dans ses resultats, malgre l’ingen