Société Parallèle, “Mobutucratie” et Nationalisme Post-colonial en République Démocratique du Congo

L'objet et son Analyse Le concept de societe parallele pose en lui-meme probleme puisque le qualificatif qui n'a ete jusqu'ici reserve qu'a l'economie, affecte la societe dominee et cree ainsi une nouvelle problematique. Celle d'une societe marginalisee, politiquement et economiquement, qui fonctionne de maniere independante des structures etatiques alors qu'elle vit sur un territoire national. En plus ses membres se reconnaissent comme des citoyens du pays mais ils n'en respectent pas les lois (devoirs et obligations). Si en economie, pareille phenomene n'a pu etre observe jusqu'a ce point, l'experience de la societe congolaise forte d'un siecle d'une histoire de predation, d'exploitation et de violence etatique arbitraire coloniales et postcoloniales, a, quant a elle, permis la mise en place d'une pareille entite fonctionnant dans une complexite des relations faites d'insubordination, de complicites multiples et d'illegalite rehaussee d'une quete de plus de democratie. L'objet "societe parallele" n'est pas moins l'ensemble des populations ethniques organisees et constituant 1 '"etat local"; il est a la fois le fruit d'un mode de domination et du modele d'accumulation auxquels a recouru l'Etat central pour se maintenir et entretenir la classe dirigeante. Dans cette contribution, il ne s'agit point d'etudier les causes ni la maniere dont la crise actuelle s'est mise en place et articule les differentes composantes sociales et politiques de la societe congolaise. Au contraire, notre objet d'analyse demeure les composantes, le fonctionnement et le sens de la societe parallele: comment s'est-elle erigee et comment fonctionne t-elle pour pouvoir donner une identite multipolaire (ethnique, regionaliste, religieuse, de loisir, etc.) au Congolais, quelle est sa valeur dans le nationalisme