{"title":"布基纳法索市场园艺发展的农业生态学。空间重组、社会经济转型和发展挑战","authors":"Basile Gross","doi":"10.33055/georegards.2018-2019.011-012.01.115","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Cette etude agroecologique du developpement maraicher porte sur la transformation des rapports entre un environnement naturel (les terroirs maraichers des zones de Reo et de Ouagadougou), une population, et des activites qui les relient. Elle aborde le maraichage du point de vue socioeconomique de la subsistance, en l’articulant a une ecologie humaine centree sur le systeme agroalimentaire. L’agroecologie est mobilisee en premier lieu en tant que methode, elle apparait aussi en tant qu’objet d’etude a travers les projets et les pratiques agroecologiques. \nSi le maraichage est deja pratique au Burkina Faso avant le XXe siecle, il gagne en importance a la suite des crises alimentaires des annees 1970-1980. La necessite de securiser les ressources hydriques et de developper les cultures de saison seche mene en effet a la construction de pres de 2’000 petits barrages. Cette evolution s’inscrit aussi dans des changements plus profonds de l’habitat et des modes de vie.\nLes champs individuels et plus particulierement les jardins de bas-fonds prennent un role economique capital dans les exploitations familiales, ce qui se traduit par une emprise plus grande dans le paysage. Surtout, on assiste conjointement a la rupture de l’autarcie et a l’apparition d’un commerce alimentaire duquel depend l’approvisionnement urbain. On glisse des lors d’une economie de subsistance qui se limite a la satisfaction des besoins avec les moyens de l’exploitation familiale a une economie de marche moderne.\nPour les paysans qui entreprennent une activite maraichere, celle-ci apporte une grande part des revenus de l’exploitation. L’activite est rentable et permet de satisfaire les besoins monetaires de la famille, bien qu’il existe de fortes disparites entre les exploitations. Mais elle ne se substitue que partiellement aux autres activites paysannes, et l’evolution ne se reduit pas a une simple transition. Les exploitants conservent une certaine autonomie alimentaire grâce aux cultures pluviales vivrieres, ils pratiquent un petit elevage qui fait office d’assurance et d’epargne, et certains entreprennent des activites extra-agricoles comme le petit commerce ou la mecanique. La situation des exploitations familiales maraicheres est avant tout caracterisee par une grande diversite. Quelques points marquants des transformations peuvent toutefois etre soulignes : complexification de l’organisation fonciere ; individualisation de l’organisation du travail ; monetarisation de l’economie et processus partiel de marchandisation ; modernisation de l’outillage ; artificialisation du milieu, avec les amenagements hydroagricoles ou plus generalement l’ouverture des ecosystemes sur le plan energetique et materiel.\nL’evolution du maraichage, au-dela de l’adaptation du milieu naturel, n’est que tres peu dependante de l’aide au developpement. Quelques maraichers beneficient d’appuis, mais ce sont tous des exploitants relativement aises. Les projets agroecologiques ne reussissent d’ailleurs pas mieux a toucher les populations les plus demunies. Seule une reponse simpliste et techniciste est donnee aux enjeux du developpement maraicher. Les deux principales solutions contemporaines consistent ainsi soit a diffuser un package conventionnel comprenant un systeme d’irrigation goutte-a-goutte a bas cout, soit a promouvoir des pratiques agroecologiques du maraichage. Ces deux orientations s’opposent au niveau des discours, mais sont similaires sur le plan operationnel. Elles reposent toutes deux sur des projets pilotes et finances par des structures du Nord et sur une diffusion de l’innovation technique a travers des fermes-ecoles ou des fermes-vitrines. \nLe virage agroecologique, s’il constitue une voie prometteuse repondant en partie aux enjeux du secteur maraicher au Burkina Faso, necessite d’etre entrepris de maniere plus endogene et plus en phase avec les realites paysannes. La critique ideologique portee par l’agroecologie doit se prolonger sur le plan des pratiques de developpement pour fournir une alternative ecologiste globale au modele moderniste et ainsi ouvrir des voies vers un systeme agroalimentaire durable.","PeriodicalId":371109,"journal":{"name":"Géo-Regards","volume":"1 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"1900-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"2","resultStr":"{\"title\":\"Agroécologie du développement maraîcher au Burkina Faso. 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Agroécologie du développement maraîcher au Burkina Faso. Réorganisations spatiales, transformations socio-économiques et enjeux de développement
Cette etude agroecologique du developpement maraicher porte sur la transformation des rapports entre un environnement naturel (les terroirs maraichers des zones de Reo et de Ouagadougou), une population, et des activites qui les relient. Elle aborde le maraichage du point de vue socioeconomique de la subsistance, en l’articulant a une ecologie humaine centree sur le systeme agroalimentaire. L’agroecologie est mobilisee en premier lieu en tant que methode, elle apparait aussi en tant qu’objet d’etude a travers les projets et les pratiques agroecologiques.
Si le maraichage est deja pratique au Burkina Faso avant le XXe siecle, il gagne en importance a la suite des crises alimentaires des annees 1970-1980. La necessite de securiser les ressources hydriques et de developper les cultures de saison seche mene en effet a la construction de pres de 2’000 petits barrages. Cette evolution s’inscrit aussi dans des changements plus profonds de l’habitat et des modes de vie.
Les champs individuels et plus particulierement les jardins de bas-fonds prennent un role economique capital dans les exploitations familiales, ce qui se traduit par une emprise plus grande dans le paysage. Surtout, on assiste conjointement a la rupture de l’autarcie et a l’apparition d’un commerce alimentaire duquel depend l’approvisionnement urbain. On glisse des lors d’une economie de subsistance qui se limite a la satisfaction des besoins avec les moyens de l’exploitation familiale a une economie de marche moderne.
Pour les paysans qui entreprennent une activite maraichere, celle-ci apporte une grande part des revenus de l’exploitation. L’activite est rentable et permet de satisfaire les besoins monetaires de la famille, bien qu’il existe de fortes disparites entre les exploitations. Mais elle ne se substitue que partiellement aux autres activites paysannes, et l’evolution ne se reduit pas a une simple transition. Les exploitants conservent une certaine autonomie alimentaire grâce aux cultures pluviales vivrieres, ils pratiquent un petit elevage qui fait office d’assurance et d’epargne, et certains entreprennent des activites extra-agricoles comme le petit commerce ou la mecanique. La situation des exploitations familiales maraicheres est avant tout caracterisee par une grande diversite. Quelques points marquants des transformations peuvent toutefois etre soulignes : complexification de l’organisation fonciere ; individualisation de l’organisation du travail ; monetarisation de l’economie et processus partiel de marchandisation ; modernisation de l’outillage ; artificialisation du milieu, avec les amenagements hydroagricoles ou plus generalement l’ouverture des ecosystemes sur le plan energetique et materiel.
L’evolution du maraichage, au-dela de l’adaptation du milieu naturel, n’est que tres peu dependante de l’aide au developpement. Quelques maraichers beneficient d’appuis, mais ce sont tous des exploitants relativement aises. Les projets agroecologiques ne reussissent d’ailleurs pas mieux a toucher les populations les plus demunies. Seule une reponse simpliste et techniciste est donnee aux enjeux du developpement maraicher. Les deux principales solutions contemporaines consistent ainsi soit a diffuser un package conventionnel comprenant un systeme d’irrigation goutte-a-goutte a bas cout, soit a promouvoir des pratiques agroecologiques du maraichage. Ces deux orientations s’opposent au niveau des discours, mais sont similaires sur le plan operationnel. Elles reposent toutes deux sur des projets pilotes et finances par des structures du Nord et sur une diffusion de l’innovation technique a travers des fermes-ecoles ou des fermes-vitrines.
Le virage agroecologique, s’il constitue une voie prometteuse repondant en partie aux enjeux du secteur maraicher au Burkina Faso, necessite d’etre entrepris de maniere plus endogene et plus en phase avec les realites paysannes. La critique ideologique portee par l’agroecologie doit se prolonger sur le plan des pratiques de developpement pour fournir une alternative ecologiste globale au modele moderniste et ainsi ouvrir des voies vers un systeme agroalimentaire durable.