P. Reboul , J.C. Boyer , A. Cardinale , J.J. Bendjlali-Sabiani
{"title":"HTA sévère, hypokaliémie et alcalose métabolique ? Et si c’était la réglisse ?","authors":"P. Reboul , J.C. Boyer , A. Cardinale , J.J. Bendjlali-Sabiani","doi":"10.1016/j.toxac.2024.08.057","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><p>Mieux dépister, déclarer en toxico-vigilance et prendre en charge une HTA sévère induite par une consommation chronique de réglisse car pathologie émergeante sous-diagnostiquée, sous-déclarée et mal connue des cliniciens <span><span>[1]</span></span>.</p></div><div><h3>Méthode</h3><p>Étude monocentrique rétrospective de 5 cas graves d’intoxication chronique à la réglisse, collectés entre le 04/08/2022 et le 21/01/2024, en soins intensifs de Néphrologie. Les paramètres étudiés : nature de réglisse consommée, dose ingérée, durée d’exposition, âge, sexe, signes cliniques (pression artérielle, signes neurologiques, digestifs, autres) et biologiques (kaliémie, bicarbonatémie, ionogramme urinaire, réninémie, aldostéronémie, taux sérique d’acide glycyrrhétique).</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>La réglisse était consommée sous forme d’antésite, bonbons, rouleaux, pastis sans alcool. La durée d’exposition va de 8 mois à plus de 40<!--> <!-->ans (<span><span>Figure 1</span></span>).</p><p>Dans notre série, les résultats des dosages sanguins d’acide glycyrrhétique par LC/MS tandem vont d’une détection résiduelle < 1ng/mL à 49 ng/mL sur prise d’antésite. Les valeurs les plus élevées sont retrouvées chez 2 patients cirrhotiques (49 et 21 ng/mL) avec risque majoré de bioaccumulation de l’acide glycyrrhétique <span><span>[1]</span></span>. On observe 2 cas avec une cinétique décroissante rapide du taux d’acide glycyrrhétique après arrêt de la consommation de réglisse, et 2 patients avec une pathologie surrénalienne non sécrétante, sans lien établi avec la prise réglisse.</p></div><div><h3>Discussion</h3><p>Le pseudo-hyperaldostéronisme lié à l’intoxication par la réglisse est un tableau clinico-biologique qui associe HTA sévère, céphalées, grande asthénie, fatigabilité musculaire, pseudo-paralysie, hypokaliémie profonde et alcalose métabolique. L’ionogramme urinaire montre généralement une fuite de potassium, mais inconstante si déshydratation, diarrhée ou diurétique. L’absence d’arguments pour un hyperaldostéronisme ou un hypercorticisme élimine les diagnostics différentiels. L’arrêt de la consommation de réglisse est indispensable pour obtenir la guérison des patients, le pronostic vital pouvant être engagé initialement sur les conséquences de l’hypokaliémie (arythmies, voire arrêt cardio-respiratoire) et de l’HTA sévère (AVC) <span><span>[2]</span></span>.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>La consommation quotidienne de réglisse peut conduire à une triade : HTA sévère, hypokaliémie, alcalose métabolique <span><span>[1]</span></span>. Le diagnostic doit-être évoqué dès l’admission pour effectuer un dosage toxicologique et conduire ensuite à une déclaration de toxico-vigilance au centre antipoison.</p></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"36 3","pages":"Page S104"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2024-09-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S235200782400218X","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
Mieux dépister, déclarer en toxico-vigilance et prendre en charge une HTA sévère induite par une consommation chronique de réglisse car pathologie émergeante sous-diagnostiquée, sous-déclarée et mal connue des cliniciens [1].
Méthode
Étude monocentrique rétrospective de 5 cas graves d’intoxication chronique à la réglisse, collectés entre le 04/08/2022 et le 21/01/2024, en soins intensifs de Néphrologie. Les paramètres étudiés : nature de réglisse consommée, dose ingérée, durée d’exposition, âge, sexe, signes cliniques (pression artérielle, signes neurologiques, digestifs, autres) et biologiques (kaliémie, bicarbonatémie, ionogramme urinaire, réninémie, aldostéronémie, taux sérique d’acide glycyrrhétique).
Résultats
La réglisse était consommée sous forme d’antésite, bonbons, rouleaux, pastis sans alcool. La durée d’exposition va de 8 mois à plus de 40 ans (Figure 1).
Dans notre série, les résultats des dosages sanguins d’acide glycyrrhétique par LC/MS tandem vont d’une détection résiduelle < 1ng/mL à 49 ng/mL sur prise d’antésite. Les valeurs les plus élevées sont retrouvées chez 2 patients cirrhotiques (49 et 21 ng/mL) avec risque majoré de bioaccumulation de l’acide glycyrrhétique [1]. On observe 2 cas avec une cinétique décroissante rapide du taux d’acide glycyrrhétique après arrêt de la consommation de réglisse, et 2 patients avec une pathologie surrénalienne non sécrétante, sans lien établi avec la prise réglisse.
Discussion
Le pseudo-hyperaldostéronisme lié à l’intoxication par la réglisse est un tableau clinico-biologique qui associe HTA sévère, céphalées, grande asthénie, fatigabilité musculaire, pseudo-paralysie, hypokaliémie profonde et alcalose métabolique. L’ionogramme urinaire montre généralement une fuite de potassium, mais inconstante si déshydratation, diarrhée ou diurétique. L’absence d’arguments pour un hyperaldostéronisme ou un hypercorticisme élimine les diagnostics différentiels. L’arrêt de la consommation de réglisse est indispensable pour obtenir la guérison des patients, le pronostic vital pouvant être engagé initialement sur les conséquences de l’hypokaliémie (arythmies, voire arrêt cardio-respiratoire) et de l’HTA sévère (AVC) [2].
Conclusion
La consommation quotidienne de réglisse peut conduire à une triade : HTA sévère, hypokaliémie, alcalose métabolique [1]. Le diagnostic doit-être évoqué dès l’admission pour effectuer un dosage toxicologique et conduire ensuite à une déclaration de toxico-vigilance au centre antipoison.