Psychopathologie des psychoses dissociatives et Topique du clivage

Abstract

Objectif

L’article vise à soutenir une conception métapsychologique permettant de critiquer le modèle déficitaire de la psychose en psychiatrie. Cette critique visant l’héritage de la pensée kraepelinienne et passant par la discussion des apports d’E. Bleuler et H. Ey s’articule autour de la distinction entre les notions de « déficit » et de « défaut ».

Méthode

À partir d’un cas issu de sa clinique au sein d’une unité d’accueil familial thérapeutique pour adultes psychotiques, l’auteure revient à la théorie des psychoses dissociatives à partir du « travailler » et du « travail vivant » de ceux qui prennent soin de ces malades.

Résultats

En mobilisant la théorie laplanchienne de la genèse de la pensée et la topique du clivage de Christophe Dejours, l’auteure soutient l’idée que ce qui caractérise la psychose dissociative n’est pas le déficit mais l’inhibition.

Discussion

Cette inhibition touche les fonctions affectives et perceptives du corps. Elle représente une modalité défensive ne découlant pas d’un traumatisme mais d’un défaut de construction du corps érotique entraînant une économie pulsionnelle singulière appelée disruptive.

Conclusion

Ce défaut de construction n’est pas irréversible mais le traitement thérapeutique de ces patients nécessite–condition sine qua non–la mobilisation du corps érotique des soignants pour la mise au travail de soi sur soi du patient.

Objective

The article proposes a metapsychological conception allowing us to criticize the deficit model of psychosis in psychiatry. This criticism of the Kraepelinian heritage, through the discussion of the contributions of E. Bleuler and H. Ey, revolves around the distinction between the notions of “deficit” and “default.”

Method

From a case extracted from her clinical experience in a therapeutic foster care unit for psychotic adults, the author returns to the theory of dissociative psychosis from the “work” and “living work” of those who care for these patients.

Results

By mobilizing the Laplanchian theory of the genesis of thought and Christophe Dejours's topography of splitting, the author maintains that what characterizes dissociative psychosis is not deficit but inhibition.

Discussion

This inhibition affects the emotional and perceptual functions of the body. It represents a defensive modality not resulting from a trauma but from a defect in the construction of the erotic body leading to a singular instinctual economy, labeled disruptive.

Conclusion

This construction defect is not irreversible, but the therapeutic treatment of these patients requires–a sine qua non condition–the mobilization of the erotic body of the caregivers, in order for the patient to begin their own self-work.