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Abstract
Les premiers enregistrements commerciaux de musique yemenite furent realises a Aden, a la fin des annees 1930, a l’epoque de la colonie britannique. Ces disques 78 tours furent d’abord edites par une compagnie etrangere, Odeon, puis par plusieurs compagnies locales, dont Aden Crown, Jafferphon et Tahaphon. Rapidement, c’est l’ensemble des traditions musicales urbaines du Yemen, ṣanʿānī, laḥǧī, ḥaḍramī, etc., qui furent ainsi reconnues et diffusees dans l’ensemble du pays, entre 1935 et 1960. On evalue ces premiers enregistrements a plusieurs milliers de disques. Cependant, ils sont encore tres mal connus, et il est difficile d’en etablir une chronologie, les divers documents disponibles n’etant jamais dates. Des lors, cette recherche doit recourir a une sorte d’« archeologie industrielle et musicale » tentant de delimiter des fourchettes de dates, des periodes et des correlations temporelles de maniere approximative. Simultanement, l’actuelle « patrimonialisation sauvage » de ces musiques sur la Toile permet un acces aise a beaucoup d’enregistrements sonores sur les plateformes grand public, en particulier YouTube. Ceci represente un progres immense pour le processus d’inventaire, mais aussi une solution de stockage tres aleatoire que la recherche doit essayer de compenser par un effort accru de documentation, notamment par l’elaboration d’une base de donnees. La reception des disques par la societe yemenite durant ces vingt-cinq annees prolifiques du xxe siecle nous montre que ces disques eurent une influence importante sur la pratique musicale, ainsi que sur un aspect plus subtil de la musique yemenite : la definition des genres regionaux qui eut une grande importance dans la construction de l’identite culturelle des Yemenites meme a une epoque plus recente.